Aujourd’hui, en moyenne, 12 accouchements sur 1.000 dans le monde sont des jumeaux. Cette statistique est la plus élevée depuis des décennies, et très probablement la plus élevée qu’elle ait jamais été.
Mais malgré toute la joie qu’apportent les naissances multiples aux familles — deux fois plus de câlins, deux fois plus de couches et deux fois plus biberons — toutes les implications de l’augmentation des chances d’avoir des jumeaux ne sont pas forcément à célébrer.
Des chercheurs de l’Université Radboud aux Pays-Bas, de l’Université d’Oxford au Royaume-Uni et de l’Institut français d’études démographiques ont fouillé dans les banques de données démographiques de 165 pays, datant de 2010 à 2015, pour comptabiliser le nombre d’accouchements de jumeaux. Par rapport à des données similaires recueillies au début des années 1980, il semble que le taux de naissance de bébés jumeaux soit aujourd’hui supérieur de 30 %, passant de 9,1 naissances de jumeaux pour 1.000 habitants à 12 jumeaux pour 1.000 habitants. Il n’y a jamais eu autant de naissances de jumeaux dans le monde.
Seules les naissances de « faux jumeaux » ont augmenté, la part des « vrais jumeaux » étant restée stable, à 4 grossesses sur 1 000.
Selon une étude parue dans la revue Human Reproduction le 12 mars 2021, environ 1,6 million de paires de jumeaux viennent au monde chaque année, soit environ un nouveau-né sur quarante. Ce boom induit une situation préoccupante.
En effet, ces jumeaux sont souvent prématurés, plus légers et font face à davantage de complications lors de l’accouchement ainsi qu’une mortalité plus élevée. Par ailleurs, l’arrivée de jumeaux est souvent compliquée pour les familles, celles-ci s’attendant à accueillir un seul enfant.
L’augmentation de la fréquence des jumeaux à l’échelle mondiale est le fait de la hausse des grossesses de faux jumeaux (de deux ovules différents). Par ailleurs, cette hausse sans précédent varie selon les continents. En ce qui concerne les vrais jumeaux (monozygotes), ils naissent partout dans les mêmes proportions, à raison de quatre pour mille accouchements.
Cette augmentation des naissances multiples et des grossesses plus tardives a débuté dans les années 1970 avec l’apparition de la procréation médicale assistée (PMA). Or, le taux sanguin de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) agissant sur l’ovule (maturation) et l’ovulation augmente la possibilité d’avoir des jumeaux jusqu’à l’âge maximum de 37 ans. Auparavant, la défaillance de la fonction ovarienne et l’accroissement de la mortalité embryonnaire ne le permettaient pas.
L’Europe rattrape l’Afrique en matière de gémellité
Depuis plusieurs années, les progrès en matière de PMA permettent ce succès grâce à l’implantation d’un seul embryon. Les embryons excédentaires sont congelés. Pour les chercheurs, cette précaution a permis d’atteindre des sommets au niveau le taux de gémellité, surtout dans les pays riches.
Les scientifiques ont évalué les changements concernant le taux de gémellité en comparant deux périodes : 1980-1985 et 2010-2015. Sur les 1,6 million de paires de jumeaux venant au monde, 1,3 million de paires proviennent d’Afrique et d’Asie (à parts égales). Les 300 000 paires restantes sont réparties dans les autres zones du globe.
L’Asie compte un nombre important de jumeaux parce que ce continent abrite 60 % de la population mondiale. Dans le cas de l’Afrique, le taux de natalité est bien plus important que sur les autres continents.
Il y a trois décennies en Europe et en Amérique du Nord, le taux de gémellité était quasiment moitié moindre par rapport à celui de l’Afrique. Avec des taux de 14,4 et 16,9 par mille accouchements, ces deux contrées ont aujourd’hui pratiquement rejoint celui très élevé de l’Afrique (17,1).
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